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Histoire de la Cinémathèque universitaire

1973 : C'est à l'UFR d'Arts et Archéologie de l'université Paris 1 - Panthéon Sorbonne  que "la Cinémathèque universitaire a été créée en 1973 par Claude Beylie, avec le concours de Jacques Goimard et Jean Mitry, pour permettre aux étudiants de travailler sur les films, programmer des cycles en relation avec l'enseignement. L'association est issue, comme c'est le cas de nombreuses cinémathèques, d'un ciné-club, le Ciné-club des invisibles. Elle apparaît "dans le contexte de l'émergence difficile et de la mise en place de l'enseignement universitaire du cinéma après les turbulences de 1968. La question clef est alors celle de l'accès aux films." (1)

 

Les statuts sont publiés dans le Journal officiel du 13 décembre 1973. Le siège de l’association est à l’université  Paris 1 - Panthéon Sorbonne, 3 rue Michelet, Paris 6e. Le président d’honneur est Jean Renoir, le président Jean Mitry, le conservateur faisant fonction de secrétaire général Claude Beylie, le conservateur adjoint Jacques Goimard, la trésorière et chargée des relations avec la presse Dominique Abonyi.(2)

Dans une lettre officielle du 15 juin 1973 (3), Claude Beylie annonce à Raymond Borde la création de la Cinémathèque universitaire. Il décline sa mission en trois points : la mise à disposition de films et de documents en milieu universitaire pour l’enseignement et la réalisation de films de montage par les étudiants, leur acquisition et leur conservation.

Dès sa création, la Cinémathèque universitaire reçoit le patronage et le soutien actif de personnalités de la profession cinématographique. En 1973, le comité de parrainage de la Cinémathèque a pour président d’honneur Jean Renoir. Il réunit Janine Bazin (productrice ORTF),  Raymond Borde (conservateur de la Cinémathèque de Toulouse), Freddy Buache (conservateur de la Cinémathèque Suisse), Henri Calef (cinéaste, président de l’association des auteurs de films), Jacques Charrière (directeur de L’Avant-Scène cinéma), Roger Diamantis (exploitant et directeur du cinéma Saint-André-des-Arts), Georges Franju (cinéaste), Jean Gaborit (directeur de l’Association Cinémathèque pour Vous et de Connaissance du Cinéma), Marcel Oms, rédacteur en chef des Cahiers de la Cinémathèque, Pierre Rissient (attaché de presse), Eric Rohmer (cinéaste et chargé de cours d’histoire du cinéma à Paris 1), Claude Sautet (cinéaste), François Truffaut (cinéaste). Le conseiller juridique du comité est Jean-Pierre Billault.

La collection de la Cinémathèque universitaire se compose dès son origine d’un fonds « film » et « non film ». Le fonds film s’enrichit au fil des années grâce à des dépôts ou des dons de distributeurs (comme Gérard Vaugeois), de producteurs, d’ayants droit, ou de rachats auprès de collectionneurs. Claude Beylie « sauvait des biens », selon son expression, qui allaient disparaître. “Ainsi, il trouve les copies à la casse, chez les professionnels qui, du temps du noir et blanc, lavaient la pellicule pour récupérer les sels d’argent, et se sont chargés ensuite de cisailler et d’enfouir la couleur.”(4)

 

Au centre Michelet, dès 1973, l’équipe pédagogique organise une programmation de cycles réguliers de projection, pour les étudiants de licence principalement. Chaque semaine, quatre films sont regroupés sur deux jours.

 

1975 : Développement d’une antenne « Cinémathèque universitaire » à Censier (Paris 3) sous l’impulsion de Michel Marie qui vient de rejoindre l'équipe pédagogique du département d'études cinématographiques de Paris 3. La première projection ouverte à tous les étudiants de l’université Paris 3 Sorbonne Nouvelle a lieu en novembre 1975 dans l’amphithéâtre A du centre Censier : Il s’agit de Juliette des esprits de Federico Fellini.(5) Lors de la construction du centre Censier, l'amphithéâtre a été équipé de matériel de projection 16 et  35mm. D’abord hebdomadaire, le rythme des projections est modestement doublé en 1976, avant de connaître le rythme biquotidien actuel à partir de 1978 : Claude Beylie préfère alors le terme de « séances de visionnement »(5) à celui de « projections » qui sous-entend un souci de rentabilité. Les séances sont animées par des techniciens du cinéma, des professeurs et des critiques.

En parallèle, on note différents domaines d’activités périphériques, tels que “l’édition de découpages (en liaison avec L’Avant-Scène cinéma), la réalisation de films de montage, la participation à des colloques et séminaires et l’extension considérable du département « non-film » (scénarios, affiches, photos, dossier de presse, documents divers) confié à Jean-Paul Török”.(5)

 

Parrainée par Raymond Borde et Freddy Buache, la Cinémathèque universitaire est affiliée comme associée à la FIAF (Fédération internationale des archives du film).

 

1977 : Différents chercheurs utilisent les fonds et le matériel de la Cinémathèque universitaire, notamment pour réaliser des découpages de films après visionnage sur table de montage. Dans ce cadre, Michel Marie prépare la publication de la « continuité photographique » du Dernier des hommes de Murnau (1924) pour le numéro 190 de L’Avant-Scène cinéma.

 

1979 : A la Sorbonne Nouvelle, Jean-François Caton, bibliothécaire de formation, catalogue la collection des films en mettant au point le système de numérotation pour le rangement et l'utilisation des copies. Cette logique des cotes est toujours d'usage.

Début des enregistrements vidéo en VHS, à l’initiative du département Cinéma et Audiovisuel de la Sorbonne Nouvelle. Création d’une « vidéothèque universitaire », dont la collection est alors gérée par la Cinémathèque universitaire.

 

1980 : “Édition et diffusion de la continuité photogrammatique intégrale du film Octobre”(6) par la Cinémathèque universitaire. Le dossier est publié avec le concours du Centre de recherche de l'université Paris VIII. Il est le fruit du travail de recherche collectif réunissant Phillipe Desdouits, Michèle Lagny, Michel Marie, Frédérique Moreau, Geneviève Nesterenki, Marie-Claire Ropars et Pierre Sorlin.

 

1982 : Convention générale entre la Cinémathèque universitaire et l’université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, le 7 juin 1982 qui encadre les locaux de stockage, le bureau, le matériel de projection, le salaire d'une personne mise à la disposition par l'université à l'association en contre-partie des projections au profit de ses étudiants et de ses chercheurs. "Ce département, devenu UFR, assure la logistique administrative de l’association, depuis le début des années quatre-vingt, grâce à la mise à disposition d’une programmatrice, responsable de la gestion du fonds."(7)  Jim Damour occupe le poste de 1981 à 1986. Sylvie Pliskin prend la relève jusqu'en 1991. Elle est à l'origine de l'informatisation du catalogue.

 

1985 : La Cinémathèque universitaire participe aux réunions de concertation organisées à l’initiative de la Cinémathèque de Toulouse avec le concours de toutes les cinémathèques francophones afin de recenser aussi exactement que possible les titres conservés pour la production française de 1929-1939 (1 305 films selon le catalogue de Chirat). « Ce recensement a révélé qu’un titre en dépôt à la Cinémathèque universitaire dans une copie 16mm n’existait nulle part ailleurs: qu’importe la valeur du film! ce fait justifie à lui seul des années d'efforts bénévoles et de dévouement de la part d’une poignée d’enseignants - chercheurs avec le soutien actif de quelques étudiants ainsi formés « sur le tas » aux aspects les plus enrichissants culturellement qu’ingrats matériellement de la gestion d’une archive aux faibles moyens »(8).

Le Centre national de la cinématographie attribue une subvention à la Cinémathèque universitaire pour permettre l’informatisation du catalogue des fonds collectionnés. Cette subvention, renouvelée jusqu’en 1990, permet l’achat d’ordinateurs et du logiciel de base de données SuperDoc_open. Dans le cadre de leur TD, les étudiants de troisième année participent à la saisie.

 

1986 : "Le volume collectif Générique des années trente  conçu et écrit à partir du fonds de copies de la Cinémathèque universitaire est publié aux Presses universitaires de Vincennes".(7)

 

Automne 1988 : L’Institut Lumière accueille la Cinémathèque universitaire dans le cadre du Festival V des cinémathèques et laisse Carte blanche à Claude Beylie. La Cinémathèque universitaire est alors la quatrième archive française par ordre d’importance après le service des Archives du film de Bois d’Arcy, la Cinémathèque française, et la Cinémathèque de Toulouse selon Raymond Borde (9). “C’est la plus pauvre et paradoxalement la plus sollicitée : par les étudiants, les historiens, les chercheurs, les Instituts culturels français et étrangers, les festivals, et les télévisions”(5), explique Claude Beylie.

 

1988 : L’IRCAV (institut de recherches en Cinéma et Audiovisuel de Paris 3) achète un télécinéma et duplique quelques films 16mm en vue d’analyses pour travaux de maîtrise et de DEA. Les copies sont issues des fonds de la Cinémathèque universitaire, quand ils sont introuvables en vidéo.

 

1989 : Claude Beylie préside la Cinémathèque universitaire jusqu’en 1992.

 

1989-90 : La Fédération nationale des distributeurs de films porte plainte contre X pour duplication de vidéogrammes, début de l’enquête de police.

 

1990 : Février : réquisition judiciaire demandant la liste des étudiants de l’année 1988-1989, dans le cadre d’une enquête contre X pour « contrefaçon de vidéogrammes »

 

1991 : L’enquête policière se poursuit. En réponse, une campagne de pétition s’organise. L’instruction s’oriente vers Claude Beylie.

 

1992 : Michel Marie et Jean-Paul Török entament des démarches de conciliation auprès de la Fédération des distributeurs de films. Ils signent un premier texte et s’engagent à fournir une liste d’accords des ayants droit.

Claude Beylie annonce la fin de son mandat en tant qu’enseignant et président de la Cinémathèque pour l’été 1992.

Deux postes de techniciens audiovisuels sont pérennisés à Paris 3: ceux de la programmatrice Laure Gaudenzi et du projectionniste Olivier Corvée.

 

1993 : Michel Marie est élu président, jusqu’en 2003.

A partir du fonds VHS de la Cinémathèque universitaire à Paris 3, l’équipe pédagogique crée la vidéothèque de l’UFR Cinéma et Audiovisuel (devenu département depuis 2011).

Dans le cadre des procédures à l’amiable, l’ALPA (Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle) pénètre avec la FNDF dans l’enceinte de l’université Sorbonne-Nouvelle Paris 3, et retire 70 copies du fonds conservées à Censier.

Le procès a lieu à Paris en décembre. Le verdict est plus sévère avec Claude Beylie qu’avec la Cinémathèque universitaire. L’ancien président de l’association est condamné à payer une forte amende aux syndicats de distributeurs et producteurs de film.

Suite à des retraits abusifs, et à des vices de procédure, l’affaire de “piraterie de la Cinémathèque universitaire” s'essouffle peu à peu.

 

1996 : La Cinémathèque universitaire est impliquée dans la préparation de manifestations scientifiques majeures, telles que le colloque Georges Méliès, l’illusionniste fin de siècle ? (10). En amont, et avec les Amis de Georges Méliès, l’intégrale exceptionnelle des copies de Méliès alors retrouvées est projetée en onze séances à Censier.

 

1997 : La Cinémathèque universitaire participe aux programmations itinérantes de la FCAFF (Fédération des cinémathèques archives de films de France) en mettant à disposition des cinémathèques en région quelques copies et en accueillant la programmation. Ces programmes sont alors accompagnés par des publications de l’AFRHC (Association française de recherche en histoire du cinéma) : Jean Grémillon en 1997,  Jacques Feyder en 1998; Christian-Jaque en 1999, Abel Gance en 2000, Max Ophuls en 2001.

 

Stéphane A., étudiant en cinéma et audiovisuel à Censier, dépose la collection privée 16mm de son grand - père, composée notamment de 161 courts métrages d'animation et 75 longs métrages.
 

2003  : Jean Gili préside la Cinémathèque universitaire jusqu’en 2012.

En septembre, le bénévolat n’étant plus de mise, l’équipe pédagogique de Paris 1 renonce à poursuivre les projections au centre Michelet. Les cycles sont maintenus à Censier.

 

2007 : Faute de permanence dans les locaux où sont stockés une grande partie des imprimés, Jean Gili souhaite valoriser ce fonds exceptionnel classé mais non catalogué, en le cédant, sans le diviser, à une institution. Différents rendez-vous sont pris avec les institutions spécialisées pour expertiser les fonds.

 

2009 : Aucune institution n’étant en mesure de prendre la totalité du fonds non-film, le conseil d’administration accepte de le scinder par type de document. La bibliothèque universitaire de la Sorbonne Nouvelle s’engage pour mettre à la disposition des étudiants les périodiques, les scénarios, les dossiers thématiques, et les dossiers de presse. Dès 2009, la bibliothèque François-Truffaut est intéressée par 120 mètres linéaires de revues de presse classées par personnalités initiées par René Gieure (1911-2011) à la Fédération française des ciné-clubs et complétée par Geneviève Lebaut et des étudiants pendant douze ans.

Pendant l’été au centre Pierre - Mendès - France (Paris 1), trois étudiants conditionnent un millier de cartons pour la bibliothèque universitaire de Paris 3. Celui ci est déménagé l’été suivant.

 

2010 : Jacques L., instituteur et collectionneur privé, donne à la Cinémathèque universitaire, par l'intermédiaire d'Olivier Corvée , 443 copies 16mm. Ce fonds visant un public jeune est composé de 351 documentaires et 66 longs métrages.

 

Septembre 2011 : Cession des revues de presse à la Bibliothèque spécialisée de la Ville de Paris François-Truffaut.

 

Novembre 2011 : Finalement la bibliothèque universitaire de Paris 3 considère une grande partie des documents en question trop spécialisés pour leur public. A l'exception des périodiques déjà catalogués par la bibliothèque universitaire, 800 cartons conditionnés en 2009 sont redéployés: les catalogues de festival et les périodiques sont donnés à la Cinémathèque française qui redistribue les doublons à la bibliothèque de l’ENS Louis Lumière ; les scénarios et les dossiers thématiques sont cédés à la bibliothèque François-Truffaut ; les dossiers de presse publicitaires réintègrent le stock au centre Pierre - Mendès - France.

 

2012 : Laurent Véray  préside la Cinémathèque universitaire jusqu'en 2017.

 

2013: La Cinémathèque universitaire fête ses 40 ans!  A cette occasion, une journée d'études intitulée Histoire et pratiques d'une archive singulière : autour des 40 ans de la Cinémathèque universitaire est organisée le 10 décembre. Elle réunit, quarante ans après sa création, des témoins des débuts, des acteurs de la vie actuelle et des chercheurs pour retracer son histoire, mais aussi, plus largement, celle de l'enseignement du cinéma dans l'université française.

 

Décembre 2014 : La Cinémathèque universitaire bénéficie d’une volontaire en service civique pour une durée de 8 mois, dont la mission est la valorisation de la Cinémathèque universitaire auprès des étudiants, et la mise en place d'un site Internet.

 

2017 : Sylvie Lindeperg préside la Cinémathèque universitaire.

 

 

 

Cet historique est incomplet sans les générations de bénévoles qui se sont succédées et qui pourtant font l'âme de la Cinémathèque universitaire.

 

 

 

Bon, maintenant il est l'heure de quitter ce petit écran et de se déplacer en salle pour voir des films, et écouter la douce mécanique des projecteurs !

 

 

 

 

 

Sources

(1) LE ROY Eric, Cinémathèques et archives du film, Armand Colin, 2013.

(2) Statuts de l’association déposés à la préfecture de police de Paris le 29 novembre 1973.

(3) BILLAUT Manon, CHAMPONIER Emmanuelle, Compte rendu de la journée d’études «Histoire et pratiques d’une archive singulière : autour des quarante ans de la Cinémathèque universitaire» du 10 décembre 2013 à l’INHA, 1895, n°73, automne 2014.

(4) BORDE Raymond, BUACHE Freddy, La crise des cinémathèques... et du monde, L'Age d’Homme, coll “Cinéma vivant”, 1997, p.18.

(5) BEYLIE Claude, Des “Invisibles” à la Sorbonne ou une Cinémathèque à la française, plaquette Institut Lumière, à l’occasion du Festival V des Cinémathèques, 26 octobre - 1er novembre 1988.

(6) BEYLIE Claude, Carte blanche à la Cinémathèque universitaire, Cahiers n°6 du festival de La Rochelle, 1985.

(7) MARIE Michel, "Pourquoi une Cinémathèque universitaire ? ", 1895, 2003.

(8) MARIE Michel, Dix ans d’activité de la CU à Censier, inédit, archives internes.

(9) BORDE Raymond, Les cinémathèques, ‎L'Age d'Homme, 1983, p.211.

(10) MALTHETE Jacques, MARIE Michel, (dir.), Colloque "Georges Méliès, l’illusionniste fin de siècle", Cerisy-la-Salle, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 1996.

 

 

Projecteur 16mm - Cinémathèque U
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